Cour d’école végétalisée : comment le faire vite et bien

Table des matières

Maires, directrices et directeurs d’école, vous connaissez sans doute – voire redoutez – cette situation : avec 31ºC à l’aube et 36ºC en fin de journée à l’intérieur de la salle de classe, les élèves commencent à faire des malaises. Vomissements, évanouissements sous le préau, dans la cour ou sur le terrain d’EPS en plein soleil, ces cas de « coups de chaud » se multiplient, chaque année un peu plus tôt, et partout en France.

La cour de récréation qui devient une fournaise dès le mois de juin, le bitume qui surchauffe et fait monter la température, c’est le cauchemar des enseignants comme des parents. Casquettes et gourdes obligatoires, brumisateurs, tuyaux d’arrosage, les parades temporisent un temps mais ne résolvent pas le fond du problème.

Le plus intéressant pour vous, aujourd’hui, c’est de renverser la réflexion. Réduire drastiquement la chaleur dans votre cour d’école plutôt que d’écoper avec les moyens du bord. Entre les recommandations de l’Ademe (recommandations aux directeurs d’école et chefs d’établissement pour prévenir la canicule), ou le dispositif Cours Oasis du CAUE à Paris et en Île de France, la cour d’école végétalisée est en train de devenir la nouvelle norme. C’est une question de logique d’usage, de santé et de bien-être à l’école, autant qu’une priorité d’aménagement urbain.

Comment végétaliser une cour d’école, vite et bien ? Quelles solutions choisir, pour quels résultats et quels impacts positifs (que vous n’aviez peut-être même pas envisagés) ? Voici 4 clés pour y arriver.

1 – Oublier le béton, ennemi du bien-être à l’école

La cour d’école bétonnée (avec son marronnier isolé au centre) est encore une configuration très classique. On a longtemps conçu une cour de récréation comme on conçoit une surface de parking. En faisant vite et bien, solide et imperméable, sans terre ni boue. Sauf qu’au-delà des genoux écorchés (et brûlés) sur le bitume, ces revêtements totalement fermés posent aujourd’hui des problèmes de viabilité dans l’espace scolaire. (Et ça n’ira pas en s’améliorant, avec les effets du changement climatique.)

sol imperméable de cour d'école non végétalisée

Quels sont les effets d’un sol imperméable dans une cour ?

Le risque d’inondation. 

Question de bon sens, on ne laisse pas les enfants jouer sous la pluie. Mais que fait-on quand les épisodes pluvieux s’intensifient et rendent le reste de l’établissement impraticable ? Avec une cour totalement inondée, les eaux qui ruissellent sur les sols imperméables vont s’écouler où elles peuvent, sous le préau, dans les couloirs et salles de classe du rez-de-chaussée, gymnase, salle de repos, bureaux de la vie scolaire, etc. Ces phénomènes immobilisent des écoles primaires, crèches et maternelles chaque année. En juin 2023, c’est une maternelle de l’Académie de Lille qui a dû être évacuée pendant la sieste à cause d’un violent orage, ou encore des écoles de Seine-Saint-Denis, inondées par les fortes pluies.

Effet îlot de chaleur urbain.

Les sols bétonnés ou bitumés ne respirent pas. Ils absorbent la chaleur la journée et la renvoient immédiatement dans l’air. Combiné à des matériaux de construction qui réfléchissent les rayons UV (façades, fenêtres, toiture), ce phénomène fait grimper artificiellement la température, parfois de plusieurs degrés.

La cour de récréation devient alors vrai four, avec des semaines de classe invivables pour tous, avant même le début de l’été. Quant à ouvrir l’école pour accueillir des activités ou un centre aéré pendant les « grandes vacances » scolaires, c’est de moins en moins envisageable.

2 – Varier les méthodes de végétalisation sur un même lieu

Une cour d’école végétalisée peut vouloir dire plusieurs choses. On parle aussi bien des sols à désimperméabiliser que de surfaces annexes à couvrir de végétaux (toitures, abris, cabanes, etc.).

Vous disposez d’un éventail de solutions si large que vous pouvez vous permettre d’en associer plusieurs.

Quelles méthodes de végétalisation existent pour votre école ?

Parmi les systèmes de végétalisation disponibles sur le marché, certains se plient parfaitement aux conditions d’usage d’une école (maternelle, primaire, collège ou même lycée).

– sols désimperméabilisés, avec dalles aérées et infiltrantes remplies de gazon ou de mousses ;
– sols désimperméabilisés avec dalles infiltrantes et minérales ;
– buttes et pentes engazonnées ;
– potager urbain ;
– ombrières végétalisées et/ou avec panneaux solaires ;
– toiture végétale sur l’abri à vélo ou le toit du préau
– façade végétale au-dessus de la cour…


Végétalisation de cour d’école : ce que ça change pour l’environnement

Un sol perméable minéral
Il infiltre l’eau de pluie et ne rejette pas tant de chaleur qu’un enrobé bitume.
C’est utile dans un environnement souvent soumis aux pluies (intenses ou non), car il filtre la pluie avant qu’elle ne rejoigne les sous-sols. Le sol de votre école participe donc à la dépollution des eaux !

Un sol perméable végétalisé
Là aussi, il infiltre l’eau de pluie et contribue à rafraîchir l’air ambiant. En effet, les végétaux transpirent sous l’effet de la chaleur (évapotranspiration). Non seulement la cour de récréation ne surchauffe pas, mais elle est même plus fraîche que le reste du centre urbain.

Par ailleurs, même une végétation rasante très simple (de type sédums, mousses) permet le maintien voire le retour de la biodiversité. Les insectes reviennent, dans le sol et autour des végétaux qu’ils pollinisent. Ce qui attire aussi les oiseaux, voire d’autres petits animaux comme les hérissons, les musaraignes ou les écureuils.

Toiture végétalisée – façade végétalisée
Ce genre de revêtement vert d’une surface imperméable offre entre autres un avantage thermique considérable. En été, les végétaux protègent les murs de la chaleur et rafraîchissent l’air ambiant. En hiver, ils produisent l’effet naturel inverse. Pas besoin de climatiseur, brumisateur et autres solutions coûteuses mais inutiles sur le long-terme.

3 – Bien étudier les délais, du dessin à l’entretien

La phase la plus longue dans un projet de cour d’école végétalisée, c’est l’amont. Monter le dossier, dessiner le projet, faire valider les budgets en conseil municipal, etc. peut prendre plusieurs années… C’est pourquoi il est essentiel de comprendre, anticiper et dessiner précisément votre projet à l’avance, pour éviter les allers-retours qui vous feront perdre un temps précieux.

Une fois validé le projet, désimperméabiliser puis végétaliser la cour d’école se fera en un tournemain.

Du décroûtage des sols imperméables présents à la pose d’un sol végétalisé, vous pouvez compter trois à quatre jours de travaux pour une surface de 250/300 m².

Un système de dalles pré-cultivées (gazon ou sédums) se clipse facilement et le résultat est immédiat.

Comptez un ou deux jours de plus si vous mixez les espaces (avec des allées vertes et des surfaces perméables minérales, une butte engazonnée et des cabanes à toitures végétales, par exemple).

Une toiture végétale pour le préau, un abri à vélo, une cabane ou aire de jeu se pose aussi très rapidement (une après-midi peut suffire). On obtient une couverture végétale intégrale en tapis de sédum dès la pose.

Pour une végétalisation plus conséquente (fleurs, plantes hautes, arbustes, etc.), le délai est plus long. Nous vous conseillons de mêler les variétés, pour obtenir d’abord une couche rasante, avec un effet immédiat de verdure rafraichissante. Les plus grandes plantes apparaîtront ensuite au fil des saisons.  

Pour ce qui est de l’entretien, vos dalles perméables ne vous demanderont presque rien. Remplissage minéral ou végétal, il s’autorégule sous le passage des usagers. Prévoyez un ramassage des déchets végétaux une ou deux fois par an et, surtout, un arrosage adéquat selon votre zone géographique et le système végétal choisi. Certains végétaux sont très peu gourmands en eau, certaines dalles vous permettent de stocker l’eau de pluie sous le système racinaire, faites-vous accompagner au plus tôt pour choisir le système adapté à votre situation.

4 – Choisir le bon moment de l’année pour végétaliser votre école

Idéalement, pendant les vacances scolaires, car vous allez évidemment immobiliser toute la zone à végétaliser, ainsi que les zones d’accès de véhicules.

Oui, il est possible de faire installer un système végétalisé en plein été : il suffit de prévoir un arrosage conséquent et régulier pour garantir la bonne prise des végétaux.

Par la suite, ils peuvent prendre chaud lors d’épisodes de canicule (et si votre commune souffre de restrictions d’eau), mais ce n’est pas forcément problématique. Le gazon comme les sédums ont un excellent système racinaire qui leur permettra de repousser rapidement, même si votre pelouse « grille » sous le soleil. Vous pouvez aussi ressemer facilement : jeter des graines à même le sol suffit à faire pousser sédums et graminées (là encore, privilégiez un moment d’absence temporaire des écoliers pour éviter trop de piétinement).

ECOVEGETAL MOUSSES
ECORASTER BLOXX
ECOVEGETAL GREEN

Cour d’école végétalisée : quels avantages pour les professeurs, la direction, la mairie

Pour la direction, les équipes de la ville et plus haut encore, c’est la responsabilité de la santé des élèves qui est en jeu. Avec l’inquiétude des parents et, bien sûr, le confort de travail du personnel enseignant qui vit au quotidien sur place. Pour eux, végétaliser les espaces extérieurs, c’est avant tout une question de bien-être.

Dans l’Essonne, l’école de Lisa, professeure des écoles depuis 9 ans, a été sélectionnée pour le dispositif Cours Oasis. Jusque-là, les conditions de travail et de vie dans l’école étaient infernales, dès le mois de juin :

« Quand il fait chaud, on devient très sévères : « pas de casquette, pas d’enfants au soleil ». Et à partir de 30 degrés, on ne travaille clairement plus. On subit les cours, on ne fait plus vraiment classe. On s’énerve pour rien, on n’a plus envie, les élèves ne peuvent plus se concentrer…
Il y a bien un très vieux texte de loi qui dit que, sous 15 degrés, on aurait le droit de ne plus travailler… Mais comme, à l’époque, il n’y avait pas de vague de chaleur, le texte ne dit rien sur les températures au-dessus de 30. Alors que c’est invivable ! Rien n’est fait pour maintenir le bien-être sur toute l’année. Il faudrait une constance, qu’on maintienne la température à un niveau supportable toute l’année (y compris dehors). »  

Lisa, professeure des écoles dans l’Essonne.

Végétalisation des cours : les avantages pour un élève de CE1 et CE2

Si on parle jusqu’ici du point de vue de l’adulte (une jolie cour de récréation nature, avec son joli cadre, ses arbustes, ses cabanes végétales et ses allées désimperméabilisées), il ne faut pas oublier qu’une cour doit être vécue à hauteur d’enfant !

« Quand on nous a consultés pour le projet Cours Oasis, on a tout de suite intégré les enfants à la discussion. On leur proposait des sentiers pieds nus, des cabanes, des zones de pelouse, un coin calme avec des bancs, etc. Mais tout de suite, ils nous ont dit « oui, mais on veut aussi continuer à jouer au foot ! ». Ça, c’était prioritaire pour eux. »

Lisa, professeure des écoles

Les besoins des enfants doivent rester prioritaires, car ce sont les premiers usagers de ces espaces extérieurs.

Par ailleurs, le développement d’une cour végétale devient un projet pédagogique en soi. Une démarche qui permet d’impliquer les élèves dans un plan à long terme et qui les concerne directement.

« Nos enfants sont partie prenante du projet, ils étaient fiers de représenter leur classe aux réunions, d’avoir leur petit conseil municipal pour enfants. Les élèves de CE1-CE2 sont très touchés : ils se disent « je vois l’idée, on travaille dessus ensemble et, dans 2 ans, tout ça c’est pour moi ». C’est excitant pour eux. Mais il faut que ça suive, derrière, il faut qu’ils voient leur projet devenir réalité. »  

N’hésitez pas à vous faire accompagner au plus tôt dans votre projet, pour bénéficier de conseils sur-mesure et de solutions originales.

Image de Pierre GEORGEL
Pierre GEORGEL

Passionné de botanique depuis son enfance, a transformé son amour pour les plantes en une carrière florissante. Après des études réussies en horticulture et en paysagisme, il a lancé un projet audacieux à 20 ans : un jardin sur le toit du garage familial. Malgré des débuts difficiles, il co-fonde ECOVEGETAL, qui devient en 15 ans la référence en France pour les jardins sur toits et parkings. Une belle histoire d'innovation et de passion transformées en succès entrepreneurial.

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