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Pollution diffuse, de ruissellement : les vrais dangers (pas si) cachés

Table des matières

En parlant de pollution diffuse, de quoi parle-t-on ? De la contamination des sols et des eaux par des produits liés à l’activité humaine et qui n’auraient pas dû s’y trouver. Des produits qui attaquent et mettent sévèrement en danger l’environnement, l’écosystème et, ce qui en découle, la santé humaine.

Contrairement à la pollution d’origine accidentelle (ponctuelle) très médiatisée, la pollution diffuse échappe facilement au regard. Comparée aux nappes de pétrole déversées par le naufrage du Erika, du Prestige ou de l’Amoco Cadiz, l’arrivée régulière de petites quantités de substances liées aux phytosanitaires ou aux hydrocarbures dans les cours d’eaux ou nappes d’un bassin versant paraîtrait presque anecdotique.

L’agriculture ou le jardinage aux engrais et pesticides (nitrates, fongicides, herbicides, insecticides, etc.) attirent l’attention : c’est le poids de la taxe ou la redevance sur la pollution diffuse. Mais la présence dans les eaux d’hydrocarbures et de micropolluants, liée aux eaux de ruissellement, (notamment en milieu urbain), passe plus inaperçue.

À Paris, par exemple, les eaux qui ruissellent des toitures et de la chaussée ne sont pas les plus chargées en polluants… mais elles se déversent en grandes quantités vers l’exutoire, sans être nécessairement filtrées. Et le danger derrière est plus grand qu’il n’y paraît, même pour une contamination de seulement 1mg/L.

De la tache d’huile sur le bitume jusqu’à la rivière

La goutte d’huile qui s’échappe du moteur pendant qu’il refroidit sur le parking du bureau ou du centre commercial. Vous la voyez ? Peu dangereuse en apparence…  

Un « avantage » du bitume, c’est qu’il accroche cette goutte d’huile. En théorie, elle reste donc sur place et sa contamination pourrait se limiter à sa forme dissoute dans l’air ambiant par fortes chaleurs.

D’ailleurs, les chiffres du gouvernement sont assez rassurants – en apparence là aussi – sur les conséquences de cette goutte d’huile sur les eaux alentours (rivière, fleuve ou innocent petit cours d’eau). On n’en retrouverait qu’1mg/L dans les eaux de ruissellement, donc pas grand-chose.

Tout le problème est justement dans ce « pas grand-chose ». Certes, la contamination des eaux en aval des bassins versants français est en grande partie le fait de rejets industriels et des produits de l’agriculture. En ville, on considère plutôt les produits d’entretien de type pesticides et désherbants (espaces verts et jardins privés) comme responsables de la pollution des eaux… En oubliant une grande partie du problème.

Les hydrocarbures dans les eaux : la petite présence « habituelle »

Un tableau extrait d’une étude de l’Agence de l’eau Seine-Normandie et repris en 2014 par le Graie fait état des concentrations moyennes de ces polluants dans les eaux de ruissellement de voiries et parkings. Sur le papier, les quantités semblent peu alarmantes.

Les mesures varient nécessairement d’une zone à une autre, selon l’intensité de la pluie et du ruissellement, le matériel urbain présent et la distance parcourue par une goutte d’eau qui va lessiver et éroder les matériaux sur son passage.  

Mesures du Graie Agence de l'Eau Seine Normandie 2014 polluants
Les mesures du Graie en 2014

« De façon assez basique, souligne le rapport, si la goutte d’eau parcourt plusieurs dizaines de mètres pour rejoindre un avaloir, elle se chargera beaucoup plus en polluants que si elle s’infiltre exactement là où elle est tombée et ne traverse que quelques centimètres de matériaux potentiellement pollués ou érodables. »

La marée noire de l’Erika et les images des cormorans bretons englués de fioul, la faune et la flore locales contaminées, la présence durable d’hydrocarbures dans les tissus végétaux… Les organismes et commissions de suivis de ces pollutions accidentelles se multiplient après chaque accident. La surveillance, le protocole de décontamination, tout cela est de plus en plus encadré. En ce qui concerne la limitation de la pollution diffuse, en revanche, les mesures prises (y compris celles de la Directive Cadre sur l’Eau, de 2000) se concentrent en priorité sur les milieux marins. Or, la pollution diffuse touche aussi directement les cours d’eau en amont des estuaires à protéger.

Le vrai danger des hydrocarbures

Les hydrocarbures sont des produits très stables, qui ne se dissolvent pas ou peu. On le sait depuis longtemps déjà, à en croire une étude menée sur les paramètres de la qualité des eaux en… 1973.

Lorsqu’ils atteignent les eaux de rivière, ils surnagent généralement. Là, leur présence altère les processus de respiration des micro-organismes qui gèrent habituellement l’épuration aquatique.

De faibles doses d’hydrocarbures dans les eaux suffisent donc à réduire l’efficacité d’épuration de la flore locale… en faisant mourir ces organismes vulnérables qui évoluent à la surface ou au bord de l’eau.  

C’est là un premier danger qui touche l’écosystème aquatique, et pas des moindres. Mais, s’il est constaté et avéré, les chiffres sur ce sujet sont difficiles à obtenir. Une étude de l’ITOPF (organisme d’étude et de lutte contre la pollution) parue en 2013, précise dès l’introduction que, bien que certains, « les dommages plus subtils infligés par un déversement d’hydrocarbures, tels que la baisse du succès reproducteur, de la productivité ou de la biodiversité, peuvent être difficiles à détecter ».

Enfin, la présence d’hydrocarbures dans l’eau génère un second danger important. Leur présence dans l’eau – même en petite quantité – suffit à accroître les effets nocifs des autres produits polluants. Les pesticides par exemple deviennent plus toxiques encore au contact des hydrocarbures. Double impact : la pollution diffuse de l’un vient donc renforcer la pollution diffuse de l’autre.

Autrement dit, la petite goutte d’huile tombée du moteur d’une voiture sur un parking n’est plus si anecdotique que ça. D’autant qu’elle est rarement la seule.

Le scénario catastrophe, pas si improbable

Ces mesures prennent une toute autre ampleur dans le cas de précipitations exceptionnelles, avec ruissellement incontrôlable et inondations.  

La crue de la Seine en 2016, les inondations dans l’Aude de 2018, la tempête Alex (2020), la tempête Justine (2021) : ces événements climatiques font de moins en moins l’exception. Les pluies torrentielles sont aujourd’hui une menace récurrente sur l’ensemble du paysage français.

Or, des pluies intenses de ce type entraînent rapidement le débordement des systèmes d’évacuation urbains. Elles érodent les matériaux sur leur passage, lessivent les surfaces et charrient avec elles une pollution urbaine qui dépasse quantités résiduelles habituelles d’hydrocarbures ou de métaux des toitures. On peut ajouter à cela la station d’épuration qui déborde, et la pollution aux microparticules prend alors des proportions démesurées.

Éviter la catastrophe : la micro-intervention plus utile qu’on ne le pense

Ces eaux ruisselées et peu chargées ne font jamais l’objet d’une dépollution à proprement parler. Comme le suggérait cette étude sur la gestion des polluants aquatiques, « tout ruissellement urbain contribue à la pollution diffuse des milieux. Mais… Tous les ruissellements ne justifient pas une « dépollution » ». 

L’une des pistes étudiées très tôt par l’experte française Marie-Christine Gromaire pourrait sembler elle aussi anecdotique (là encore, en apparence seulement). Elle suggère, comme de nombreux autres experts, l’infiltration des eaux à la parcelle via un sol vivant et végétalisé. En suivant le triptyque salutaire « décanter, filtrer, absorber », comme avec un parking végétal.

Les eaux de ruissellement étant considérées comme des eaux « peu contaminées », elles peuvent être gérées en amont plutôt qu’en aval. Soit directement sous les pieds de l’émetteur. En permettant un traitement naturel et « sur place » de ces eaux à concentration limitée en hydrocarbures et autres polluants, on désengorge également le traitement des eaux usées en aval dont la capacité reste généralement limitée. On évite aussi le débordement des systèmes de gestion et d’acheminement des eaux, et donc une pollution supplémentaire. 

Les résultats ont été mesurés et comparés entre un parking imperméabilisé et un parking de type perméable. Pour une même source de pollution diffuse (émissions liées aux véhicules, notamment), les végétaux filtrent les masses polluantes. Elles sont conservées dans les sols et éliminées pour la plupart. Les eaux ne ruissellent plus, elles rejoignent les nappes par infiltration ou un drain souterrain (dans les cas de précipitations exceptionnelles).

Un doute ? Cette vidéo vous explique où partent les polluants, depuis un parking perméable.

Consultez ici les solutions de parkings végétalisés pour une gestion optimale des polluants et des eaux. 

Consultez aussi les solutions de toitures végétales, pour réduire la pollution des eaux de ruissellement. 

Pierre GEORGEL
Pierre GEORGEL

Passionné de botanique depuis son enfance, a transformé son amour pour les plantes en une carrière florissante. Après des études réussies en horticulture et en paysagisme, il a lancé un projet audacieux à 20 ans : un jardin sur le toit du garage familial. Malgré des débuts difficiles, il co-fonde ECOVEGETAL, qui devient en 15 ans la référence en France pour les jardins sur toits et parkings. Une belle histoire d'innovation et de passion transformées en succès entrepreneurial.