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Calculer son coefficient de biotope : saurez-vous le faire ?

Table des matières

Comment savoir combien vaut votre projet de construction, rénovation ou réhabilitation en termes d’écologie ? Qu’est-ce qui vaut des points et où les prend-on ? Comment calcule-t-on l’efficacité d’une baie vitrée, d’un parking ou d’un revêtement de terrasse ?

Ça a l’air compliqué. Mais si on vous en parle – et que vous vous posez la question – c’est que votre futur client vous l’a demandé. Ou que vous avez remarqué que le coefficient de biotope est en train de devenir un critère de référence. Les PLU le mentionnent, certaines villes ou métropoles ont créé leur propre référentiel ou sont en train d’y travailler… Alors autant comprendre au plus vite ce qu’on attendra de vous !

Les concepts-clés à manier, les cibles et les principes à retenir, les calculs à faire, voici votre guide de survie dans l’univers du coefficient de biotope.  

Coefficient de biotope : qu’est-ce que c’est ?

Cet outil moderne calcule le ratio vert d’une parcelle à construire ou aménager. Calculer le CBS (Coefficient de Biotope par Surface) revient à évaluer les performances environnementales d’un site. À l’échelle d’un bâtiment, d’un bloc, d’un quartier ou plus large encore, on se propose de mesurer la surface totale réellement favorable à la biodiversité et à l’environnement, en tablant sur des critères concrets comme :

–       La gestion des eaux pluviales à la parcelle

–       La lutte contre l’effet ICU (îlot de chaleur urbain)

–       La préservation de la biodiversité (faune, flore, création ou maintien d’un corridor écologique).

En intégrant le coefficient de biotope en amont d’un projet, on commence déjà à réfléchir à l’impact de la présence humaine sur une surface donnée, dans une logique de compensation. Si on ne peut plus arriver à un objectif « d’aucune perte nette de biodiversité » (APN), on s’assure du moins de réparer, protéger et entretenir l’écosystème présent, voire d’en recréer un.

Il est utile dès lors qu’il permet de penser autrement l’aménagement urbain.

Qui ça concerne ?

Le coefficient de biotope concerne en premier plan les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre, les collectivités territoriales et décideurs publics qui modifient leur PLU, les professionnels du bâtiment, de la construction, aménagement ou rénovation.

D’où ça vient ?

Le CBS a été développé très tôt par la ville de Berlin, pour intégrer systématiquement la nature dans ses projets d’urbanisme. 

En France, on en parle depuis 1998 et les discussions préalables à la loi ALUR. Le concept du coefficient de biotope apparaît dans le texte final de 2014, qui propose de l’intégrer aux PLU et SCOT. S’il n’y est pas inscrit automatiquement, l’idée a fait son chemin et vous allez retrouver de plus en plus de demandes de respect de la qualité environnementale d’un projet.

Coefficient de biotope en ville comment le calculer
Certains aménagements contribuent à créer un corridor écologique en milieu urbain, lorsqu’ils viennent en complément d’un travail de fond en amont.

Les bonnes questions à se poser avec le coefficient de biotope

Quels principes faut-il suivre en priorité pour avoir un bon score ?
Avant d’attaquer les calculs, il faut déjà comprendre ce qu’on recherche dans cette démarche. Pour éviter l’effet greenwashing et les aménagements purement esthétiques par petites touches de végétation sans valeur, on anticipe les performances mesurables sur les points énumérés précédemment. Soit compenser, réduire la chaleur en ville, éviter les épisodes caniculaires ; infiltrer et filtrer les eaux de pluie pour lutter contre les inondations et la sécheresse à la fois ; protéger la faune et la flore locale, maintenir une biodiversité vive et active, tout en préservant la santé et le bien-être des usagers.

La difficulté réside simplement dans le choix du bon référentiel pour mesurer concrètement ces futurs effets.

Quels critères retient-on ?

Pour diminuer l’effet îlot de chaleur, par exemple, on peut juger des performances d’un système végétal en notant :

  • l’évapotranspiration des plantes et du substrat (produiront-ils beaucoup d’humidité ? Ces espèces survivent-elles bien en situation de sécheresse ou canicule ? Sont-elles indigènes, adaptées ?) ;
  • le type d’arrosage ou d’irrigation prévu (assurer la bonne tenue du système et la survie des végétaux ; contrôler la dépense en eau) ;
  • la surface prévue de l’ombre projetée des végétaux (le bâtiment ne reçoit pas directement les rayons du soleil et chauffe moins).

Pour s’assurer de l’efficacité réelle de l’ouvrage en matière de biodiversité, les écologues considèrent qu’il faut pouvoir constater l’équilibre entre biotope et biocénose, pour former un écosystème durable. Autrement dit, vérifier que les espèces vivantes (végétales et animales, type insectes, oiseaux, éventuels rongeurs etc.) peuvent interagir et prospérer sur une parcelle adaptée, indépendamment de l’activité humaine à proximité.  

Chaque référentiel va ensuite attribuer un coefficient qui définit le potentiel des matériaux utilisés ou des types de surfaces. Un sol imperméabilisé, fermé, aura un coefficient nul, par rapport à une surface en pleine terre ou un système de végétalisation (toiture terrasse, façade végétalisée) qui déclineront des scores positifs.

Comment calculer le coefficient de biotope ?

Vous devez prendre en compte deux choses :

–       Le coefficient de biotope de l’ouvrage seul

–       Le coefficient surfacique du projet (qui tient compte de l’intégralité de l’ouvrage sur la parcelle).

Le premier se calcule en fait grâce aux éléments fournis par le demandeur. Comme il n’existe pas à ce jour de calcul universel du coefficient de biotope, celui-ci dépendra du référentiel fourni par le PLU ou le SCOT en vigueur. Si les décideurs politiques vous réclament de bons scores écologiques en vue d’un ouvrage, c’est qu’ils ont déjà établi (en théorie) leur référentiel. Il vous reste alors à détailler votre projet pour attribuer un score aux matériaux, à la surface végétalisée, aux végétaux eux-mêmes, au système d’irrigation prévu, aux performances possibles et attendues, etc.

En l’absence d’un référentiel clair, vous pouvez vous appuyer sur le score de l’Ademe, encore le plus utilisé aujourd’hui.

Le calcul du coefficient de biotope 

Le référentiel proposé par l’Ademe établit ce calcul :

CBS = surface éco-aménageable / surface de la parcelle

On calcule la surface éco-aménageable à partir des types de surfaces qui composent la parcelle :

Surface éco-aménageable = (surface de type A x coef. A) + (surface de type B x coef. B) + … + (surface de type N x coef. N)

Dans le détail, l’Ademe propose que :

Chaque type de surface est multiplié par un coefficient compris entre 0 et 1, qui définit son potentiel. Par exemple :

– un sol imperméabilisé en asphalte a un coefficient égal à 0, c’est-à-dire non favorable à la biodiversité,

– un sol en pleine terre est associé à un coefficient égal à 1, le maximum. 10m2 de pleine terre équivalent à 10m2 de surface favorable à la biodiversité (10×1),

– les murs et toitures végétalisées ont un coefficient de 0.5 et 0.7 respectivement. 10m2 de toiture végétalisée équivalent à 7m2 de surface favorable à la biodiversité (10×0.7).

Les concepts-clés pour comprendre le coefficient de biotope

biotope

Le biotope désigne le milieu écologique dans lequel peuvent vivre espèces animales, végétales, microorganismes, etc.


biocénose

Une biocénose est l’ensemble des organismes vivants sur une parcelle écologique.

Biotope et biocénose réunis forment le concept d’écosystème.


biodiversité positive

On parle très souvent de biodiversité positive dans les projets d’aménagements urbains et périurbains. Là aussi, il s’agit de jauger l’efficacité écologique d’un système. Un bâti à biodiversité positive doit offrir des performances au moins similaires à ce qu’aurait rendu un écosystème naturel si la parcelle en question n’avait pas été construite ou aménagée.


APN ou No Biodiversity Net Loss

L’Union Européenne a proposé le concept de « No Net Loss » il y a une dizaine d’années, pour renforcer la législation et les objectifs de préservation de la biodiversité en Europe. L’idée de départ était d’abord d’encadrer les projets pour réduire leur impact sur la biodiversité, puis de proposer une solution de compensation ailleurs ou à proximité. Même s’il n’est pas réellement contraignant, l’objectif « zéro perte nette de biodiversité » est aujourd’hui inscrit dans le code de l’environnement.

ERC éviter-réduire-compenser

La séquence ERC existe dans le code de l’environnement et dans le droit français depuis la Loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature. Ses principes généraux sont aujourd’hui le socle littéraire qui prévaut au calcul du coefficient de biotope.


espèce indigène
Les plantes dites indigènes sont les espèces naturellement présentes dans un environnement donné, sans facteur humain. La définition complète des plantes indigènes ici.

 – corridor écologique
Un corridor écologique est un espace qui connecte deux ou plusieurs réservoirs de biodiversité. Il permet aux espèces animales et végétales de prospérer, se déplacer au sein de leur habitat, dans le respect de leurs conditions et cycle naturels de vie.

Pour vous aider à calculer vos coefficients, le GreenRoof Score de l’Adivet est utile. Vous pouvez aussi consulter la fiche outil du coefficient de biotope de l’Ademe

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Pierre GEORGEL

Passionné de botanique depuis son enfance, a transformé son amour pour les plantes en une carrière florissante. Après des études réussies en horticulture et en paysagisme, il a lancé un projet audacieux à 20 ans : un jardin sur le toit du garage familial. Malgré des débuts difficiles, il co-fonde ECOVEGETAL, qui devient en 15 ans la référence en France pour les jardins sur toits et parkings. Une belle histoire d'innovation et de passion transformées en succès entrepreneurial.